Plusieurs pétitions réclament l’abrogation des lois récentes qui « légifèrent » sur le passé : la loi Gayssot réprimant la négation de l’extermination des juifs (13 juillet 1990) ; celle déclarant que le massacre des Arméniens en 1915 est un génocide (29 janvier 2001) ; celle définissant la traite négrière et l’esclavage, « à partir du XVe siècle », comme un crime contre l’humanité, et qui demande que les programmes scolaires lui accordent « une place conséquente » (23 mai 2001) ; celle, enfin, en faveur des harkis, qui demande à son tour, dans son article 4, que les programmes « reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre mer, notamment en Afrique du Nord » (23 février 2005), article qui a déclenché les polémiques récentes.
Ces pétitions expriment une position de principe : ni la loi ni la justice n’ont à dire l’histoire.
La tendance à légiférer sur le passé est bien antérieure à la loi Gayssot. Elle est née des procédures lancées, dans les années 1970, contre d’anciens nazis et collaborateurs ayant participé à l’extermination des juifs. Celles ci utilisaient pour la première fois l’imprescriptibilité des crimes contre l’humanité, votée en 1964. Elles devaient aboutir aux procès Barbie, Touvier et Papon. Les pétitions récentes ne prennent pas en compte cet élément, ni ne rappellent la participation d’historiens à ces procès, éludant ainsi la responsabilité des scientifiques dans cette judiciarisation de l’histoire que nous étions peu nombreux à dénoncer à l’époque.
Il s’agit pourtant d’un élément central dans la généalogie des disputes actuelles. L’innovation juridique des « procès pour la mémoire » se justifiait, certes, par l’importance et la singularité du génocide des juifs, dont la signification n’est apparue que deux générations plus tard.
Elle exprimait cependant un changement radical dans la place que nos sociétés assignent à l’histoire, dont on n’a pas fini de prendre la mesure. Ces procès ont soulevé la question de savoir si, un demi siècle après, les juges étaient toujours « contemporains » des faits incriminés. Ils ont montré à quel point la culture de la mémoire avait pris le pas, non seulement sur les politiques de l’oubli qui émergent après une guerre ou une guerre civile, afin de permettre une reconstruction, mais aussi sur la connaissance historique elle même. L’illusion est ici de croire que la « mémoire » fabrique de l’identité sociale, qu’elle donne accès à la connaissance. Comment peut on se souvenir de ce que l’on ignore, les historiens ayant précisément pour fonction, non de « remémorer » des faits, des acteurs, des processus du passé, mais bien de les établir ?
Dans le cas du génocide des juifs, dans celui des Arméniens ou dans le cas de la guerre d’Algérie, encore pouvons nous avoir le sentiment que ces faits appartiennent toujours au temps présent - que l’on soit ou non favorable aux « repentances ». Mais comment peut on prétendre agir de la même manière sur des faits vieux de plusieurs siècles ? Comment penser sérieusement que l’on peut « réparer » les dommages causés par la traite négrière « à partir du XVe siècle » de la même manière que les crimes nazis, dont certains bourreaux habitent encore au coin de la rue ?
L’esclavage a déjà été défini comme un « crime contre l’humanité » dans les statuts du Tribunal militaire international de Nuremberg (article 6c), et il est réprimé depuis par les lois internationales. Pourquoi, dès lors, promulguer une loi à seule fin rétroactive s’il n’y a aucune possibilité d’identifier des bourreaux ou de les juger ? Pourquoi cette volonté d’abolir la distance temporelle et de proclamer que les crimes d’il y a quatre siècles ont des effets encore opérants ? Et comment croire que les valeurs de notre temps sont à ce point estimables qu’elles puissent ainsi s’appliquer à tout ce qui nous a précédés ?
En réalité, la plupart de ces initiatives relèvent de la surenchère politique. Elles sont la conséquence de la place que la plupart des pays démocratiques ont accordée au souvenir de la Shoah, érigé en symbole universel de la lutte contre toutes les formes de racisme. A l’évidence, le caractère universel de la démarche échappe à beaucoup. La mémoire de la Shoah est ainsi devenue un modèle jalousé, donc, à la fois, récusé et imitable : d’où l’urgence de recourir à la notion anachronique de crime contre l’humanité pour des faits vieux de trois cents ou quatre cents ans.
Le passé n’est ici qu’une construction artificielle - et dangereuse - pour isoler une nouvelle catégorie à offrir à la compassion publique. Enfin, cette faiblesse s’exprime, une fois de plus, par un recours paradoxal à l’Etat, voie habituelle, en France, pour donner consistance à une « communauté » au sein de la nation. Sommé d’assumer tous les méfaits du passé, l’Etat se retrouve en même temps source du crime et source de rédemption. Outre la contradiction, cette « continuité » semble dire que l’histoire ne serait qu’une simple vue de l’esprit et l’Etat, le seul garant d’une nouvelle histoire officielle « vertueuse ». C’est là une conception pour le moins réactionnaire de la liberté et du progrès.
Henry ROUSSO
Dossier du Monde (24 décembre 2005)
Réfléchissons à ceci : l’historien n’est pas un juge. Il cherche le vrai à travers le faux ; des mensonges, il fait sa matière. Qui ment ? Pourquoi et comment ? Quels systèmes de représentation s’édifient ainsi ? De quel poids disposent ils ? Le juge ne fait rien de pareil. Pour lui, juger c’est trancher. Or ceux qui cherchent à laver les nazis du génocide des Juifs et des Tziganes ont plus d’un tour dans leur sac. A l’instar des historiens, les juges comme individus peuvent les repérer. Mais comme juges ? Un point d’interrogation opportun ne peut il pas rendre difficile, voire impossible, une condamnation alors que le lecteur ne lit que le titre, écrit en gros caractères, de ce tract largement diffusé : Les chambres à gaz, le plus grand mensonge du siècle ? Puis, au lieu de « nier », pourquoi ne pas « douter » ? Un doute émis en toute conscience : « Vraiment, je ne sais pas, je m’interroge », dit Bernard Notin, maître de conférences d’économie - et non d’histoire - interviewé à la télévision.
Deux fonctions différentes, donc, dans la République. Les confondre ? Quelle erreur ! Mais le plus grave est ailleurs. La « vérité » que les historiens s’attachent à cerner, cette volonté non seulement d’établir les faits mais de les interpréter, de les comprendre - les deux sont bien sûr inséparables -, peut elle être énoncée, fixée, par la loi et mise en uvre par la justice ? La loi impose des interdits, elle édicte des prescriptions, elle peut définir des libertés. Elle est de l’ordre du normatif. Elle ne saurait dire le vrai. Non seulement rien n’est plus difficile à constituer en délit qu’un mensonge historique, mais le concept même de vérité historique récuse l’autorité étatique. Ce n’est pas pour rien que l’école publique française a toujours garanti aux enseignants le libre choix des manuels d’histoire.
Imagine-t-on, enfin, que la défaite des falsificateurs de l’histoire - leur recul tout au moins - puisse être liée à l’illégalité proclamée des thèses qu’ils défendent ? Imagine-t-on qu’ils se déclarent du coup « contraints à la clandestinité » pour avoir énoncé ce qu’ils ne manquent pas et ne manqueront pas de présenter comme une manifestation de la « liberté d’opinion » ? Imagine-t-on la pesée des « détails » ? Les jeunes générations - celles pour qui tout cela « c’est de l’histoire » - ne seront elles pas surprises de voir soustraite à l’esprit critique telle de ces « questions de détail » dans lesquelles un peu de machiavélisme, beaucoup de mauvaise foi et une ferme volonté politique peuvent dissoudre les plus graves problèmes ?
Les génocides peuvent et doivent être « pensés », comparés et, dans la mesure du possible, expliqués. Les mots doivent être pesés, les erreurs de mémoire rectifiées. Expliquer le crime, lui donner sa dimension historique, comparer le génocide nazi à d’autres crimes contre l’humanité, c’est le combattre. C’est ainsi - et non par la répression - que l’on forme des esprits libres. Aux parquets de poursuivre systématiquement, aux tribunaux de juger lorsque des écrits qui font l’apologie des crimes nazis leur sont signalés par les associations : il ne s’agit que d’appliquer la loi. Elle le sera d’autant mieux que les historiens feront leur métier et qu’ils aideront l’ensemble des citoyens à voir clair.
Madeleine REBERIOUX
Les collections de l'histoire n° 3 (2005)
Il y a trois semaines à Istanbul, par une journée venteuse et pluvieuse, je comparaissais devant la justice. J’étais accusée d’« insulte à l’identité turque » dans mon dernier roman, Baba ve piç [« le père et le bâtard », non traduit en français], une saga sur deux familles, les Kazanci, des Turcs, et les Tchakmakchian, des Arméniens. A priori très différentes, ces deux familles avaient une chose en commun : un passé douloureux. Mon livre racontait l’histoire pleine de douleur mais aussi de promesses de ces familles, à travers le regard de plusieurs générations de femmes, et en particulier celui des grands mères arménienne et turque. Bien qu’il aborde des souvenirs pénibles et des tabous politiques, le roman a reçu en Turquie un accueil chaleureux. Il a été beaucoup lu et commenté librement par de larges pans de la société. Puis un groupe d’avocats ultranationalistes a porté plainte contre moi pour avoir « pris le parti des Arméniens et trahi les Turcs ». L’affaire a été portée en justice et un long processus d’interrogatoires et de jugements a débuté.
L’article 301 du code pénal turc a été utilisé maintes fois pour engager des poursuites contre des esprits critiques, journalistes, rédacteurs en chef, éditeurs, écrivains... De ce point de vue, mon procès n’était que l’énième affaire d’une longue série d’actions en justice. Pourtant, ce procès avait aussi quelque chose de particulièrement étrange et d’inédit. Pour la première fois, c’était une oeuvre de fiction que l’on accusait d’« insulte à l’identité turque ».
Plus précisément, c’était sur les personnages arméniens de mon roman que les projecteurs étaient braqués. Ainsi, dans un passage, l’un des personnages en cause, tante Varsenig, déclare avec ferveur : « Dites moi combien de Turcs, dans l’histoire, ont appris l’arménien. Aucun ! Pourquoi nos mères ont elles appris leur langue et pas l’inverse ? Qui domine qui, c’est clair, non ? Une poignée de Turcs arrive d’Asie centrale et en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, ils sont partout, et qu’est il arrivé aux millions d’Arméniens qui étaient là avant ? Assimilés ! Massacrés ! Orphelins ! Déportés ! Et enfin oubliés ! » Mes détracteurs ultranationalistes soutenaient qu’en faisant de telles affirmations mon roman diffusait la thèse du « génocide arménien » et devait pour cela être condamné.
Tant que cet article 301 n’est pas amendé ou amélioré, la Turquie connaîtra d’autres procès de ce
genre, en particulier sur les sujets tabous comme la question arménienne. Mais, à l’heure où le
Parlement français s’apprête à voter la « loi sur le génocide arménien », je ne peux
m’empêcher de craindre que des raisonnements semblables ne soient faits en France.
L’histoire de toute nation a ses épisodes déplorables, et la Turquie ne fait pas exception. Le
déni de cette réalité et le rejet de toute mention des événements de 1915 est la pierre
d’achoppement sur laquelle bute la démocratie dans mon pays. Il est essentie1 de favoriser la
prise de conscience des grands événements du passé, aussi sombres soient ils. Car la mémoire est à
la fois une responsabilité et la condition préalable de toute culture démocratique aboutie. Nous,
les Turcs, pouvons et devons partager la peine des Arméniens et respecter leur douleur. Nous, les
Turcs, pouvons et devons être capables d’affronter les pages sombres de notre passé. Nous pouvons
parler des erreurs de nos grands-pères, non pour semer les graines d’une nouvelle hostilité, mais
pour construire un meilleur avenir à nos enfants.
Mais la proposition législative française ne contribuera certainement pas à résoudre ce problème historique profondément enraciné. Lorsque des Etats tentent d’imposer une seule version de l’histoire au détriment de toutes les autres, c’est non seulement la liberté d’expression mais aussi l’intérêt authentique pour l’histoire que l’on réprime. Même avec de bonnes intentions, de telles initiatives ne peuvent qu’envenimer les choses. L’histoire de la Turquie avec les Arméniens est un sujet délicat pour toutes les parties concernées, et la guérison de cette vieille blessure n’est possible que si un nombre croissant d’individus, turcs et arméniens, commencent à s’écouter les uns les autres.
En Turquie, les opinions sont violemment tranchées. D’un côté, les partisans de la liberté de pensée et de la démocratie libérale, qui estiment que le pays devrait affronter son passé. De l’autre, les opposants farouches à la candidature turque à l’entrée dans l’Union européenne, qui souhaitent que le pays reste un Etat nation insulaire, isolé et xénophobe, coupé de l’Occident. Or, si l’Etat français fait pression sur la Turquie par le biais d’une loi, cela jouera exclusivement en faveur de ces derniers. L’intransigeance nourrit l’intransigeance : les sentiments anti turcs en Europe exacerberont le nationalisme turc, et réciproquement. Le retour de bâton est déjà perceptible. Alors que certains journaux appellent au boycott des produits français, plusieurs hommes politiques évoquent de possibles mesures de rétorsion, avec par exemple l’adoption d’une loi sur le « génocide français en Algérie ».
Mais il y a plus grave : la loi française n’améliorera en rien les relations entre Arméniens et Turcs moyens. Les événements de 1915 et leurs stigmates dans le cur de ces deux peuples restent une plaie ouverte que ne peuvent toucher et guérir que les Arméniens et les Turcs, ensemble, par le dialogue et l’empathie. Pour que cela se produise, il faut que toujours plus de gens aient le courage et la vision nécessaires pour transcender les frontières nationales et les dogmes nationalistes. Le véritable changement viendra d’en bas, non d’en haut, et sera le fait des individus et des peuples, non des Etats et des hommes politiques.
Si l’Etat français adopte cette loi, les intransigeants prendront l’avantage en Turquie. Puis, dans le tumulte de la politique de représailles, ce sera l’escalade verbale machiste et nationaliste. Et, une fois de plus, ce sont les histoires des femmes arméniennes et turques, des grand mères arméniennes et turques, qui retomberont dans le silence...
Elif Shafak (13 octobre 2006)
Traduit de l'anglais par Julie Marcot.
Le clivage semble bien tourner autour de la question du rapport entre le savant et le politique, de l’intersection entre les deux sphères. Si la construction d’un savoir historique est bien l’affaire des historiens, il ne leur appartient pas exclusivement d’interpréter, de donner un sens à ce passé reconstruit, puisque c’est l’essence même du politique que de s’interroger sur ce qui fait lien au sein de toute collectivité et sur la façon dont les communautés politiques organisent leurs relations, au présent comme au passé. Pourquoi, de ce point de vue, l’État lui même n’aurait-il pas la légitimité, non pas pour mi oser une version de l’histoire à travers l’enseignement - comme du temps séculaire du Petit Lavisse(1) triomphant -, mais pour formuler un jugement sur certains épisodes de l’histoire, jugement qui suppose évidemment un certain consensus ? La recherche d’une « reconnaissance officielle » est en soi un combat politique légitime, et c’est l’objet de cette reconnaissance qui fait naturellement débat - d’interprétation. Or, dans la mesure où la mise à jour des faits passés et leur interprétation sont deux opérations inséparables pour l’historien, la tentation est grande chez ce dernier de considérer qu’il s’agit d’un domaine réservé auquel le politique ne doit tout simplement pas toucher.
Tel semble être le sens de l’Appel des 19(2) lorsque ces derniers martèlent que l’histoire n’est pas la morale, ni l’esclave de l’actualité, ni la mémoire, ni un objet juridique. [...]
Ce discours qui consiste à opposer la mémoire, qui serait de l’ordre de l’affect et de la partialité, génératrice par conséquent de « conflits mémoriels », à l’histoire qui serait du côté de la rigueur méthodologique et de la neutralité. scientifique, est largement un lieu commun pour une très grande majorité d’historiens. La mémoire est tout au mieux obiet de recherche, qu’il convient de circonscrire dans des « lieux » figés, comme le fit en précurseur ierre Nora (signataire de l’Appel des 19), ou dont on peut reconstituer la généalogie ; elle serait au pire ce qui pasatite la réflexion en introduisant des préoccupations qui ne seraient pas celles des historiens, et en instrumentalisant l’histoire à des fins politiques. Nombre d’universitaires invités à s’exprimer dans les journaux ou les médias audiovisuels donnent ainsi bien souvent dans ce type de réflexe corporatiste.
Mais face aux interpellations argumentées de la société civile, à la multiplication des débats touchant au passé esclavagiste et colonial notamment, la communauté historienne n’a cessé d’osciller entre repli sur soi et expertise. L’accusation de corporatisme a fini par faire mouche, et les 19 personnalités, par exemple, ont publié fin janvier un communiqué qui précisait que « les motivations des signataires ne sont nullement corporatistes », et que « l'Appel demande la liberté pour l’histoire, pas pour les historiens » (René Rémond) puisque « l’histoire ne leur appartient pas, pas plus qu’aux politiques ». Position d’ouverture aussitôt suivi d’un rappel de l’opposition classique entre histoire et mémoire : « Les mémoires sont plurielles, fragmentées, le plus souvent passionnelles et partisanes. L’histoire, elle, est critique et laïque : elle est le bien de tous ».
L’effervescence autour de la loi du 23 févrie(3) a fortement contribué à une prise de conscience de la part des « professionnels de la profession », prêts pour certains à faire uvre civique et à jeter un pont entre histoire et mémoire, entre les savants et les profanes. Et Esther Benbassa de poursuivre l’article pré-cité en affirmant que « l’histoire ne saurait pas pour autant rester imperméable aux exigences du présent, déjà parce qu’elle est le produit des efforts d’hommes et de femmes de leur temps, de citoyens. Et il est vrai aussi qu’elle a été plutôt traditionnellement celle des dominants. Et que les mémoires aujourd’hui appellent l’histoire nationale et ses artisans à s’interroger sur leur façon de l’élaborer, et ce non seulement à partir du centre mais aussi avec ce qu’elle a longtemps considéré comme ses marges. » Ce type de discours n’émane généralement pas du cur de l’institution, mais d’intellectuels qui, de par leur position, savent que l’écriture de l’histoire n’a rien de neutre, se construit aussi à partir du vécu et de l’héritage des auteurs dont le choix des objets d’étude comme de la méthode répond à certaines préoccupations. C’est souvent de cette façon, avec toute la rigueur « scientifique » requise, que s’ouvrent de nouveaux champs, que sont dévoilés de nouveaux territoires où peuvent prendre place notamment les sans grades, les marginaux les perdants de l’histoire.
Dimitri NICOLAIDIS
Mouvements n° 45/46 (Mai-juin-juillet-août 2006)