Huit cent cinquante et un candidats se sont présentés à l'épreuve de synthèse. Les notes obtenues s'échelonnent de 0 (copie blanche) à 17. Deux cent quarante-sept copies ont obtenu 10 ou une note supérieure à 10. La moyenne générale est de 8,06 , ce qui est conforme aux résultats des années précédentes.
Les textes proposés semblaient devoir concerner l'ensemble des candidats puisqu'ils analysaient l'évolution du sport au cours du XXème siècle. Rédigés par un romancier-essayiste – Georges Duhamel – , et des sociologues, ils avaient l'avantage de correspondre à chacune des étapes de cette évolution. Ils étaient, en effet, datés de 1937, 1967, 1998, 2002. Ne présentant aucune difficulté sérieuse de compréhension, ils comportaient assez de subtilités dans leurs convergences et leurs divergences pour permettre aux candidats de manifester leurs qualités d'intelligence, de finesse et de rigueur. Encore faudrait-il que ces derniers aient pris soin de s'entraîner à cet exercice délicat qui fait appel à toutes les ressources de l'esprit : compréhension rapide et juste d'un message, capacité d'analyse qui trie l'essentiel de l'accessoire et détecte les points de rapprochement, capacité de synthèse qui regroupe avec exactitude les convergences, faculté de retraduire succinctement, avec les mots appropriés, les opinions confrontées, en leur assurant la cohérence d'un plan logique. Il est vain de prétendre mettre en jeu avec succès tant de compétences sans un entraînement régulier et sérieux.
Mais tout candidat à un concours doit aussi en connaître les règles spécifiques. La synthèse du concours d'entrée à l'Ecole Navale, fondée sur des idées qui concordent et divergent, ne peut en bonne logique aboutir à un amalgame anonyme de ces derniers. Réunir à l'intérieur d'un exposé objectif des idées qui se contredisent est un non-sens. Seule la présence de subjectivités individualisées autorise le débat contradictoire. Chaque idée énoncée est donc nécessairement référée à son auteur, et cela tout au long de la copie. L'auteur est désigné par son patronyme et son prénom, ou son patronyme seul (ex. Georges Duhamel déclare...). Il est totalement déconseillé, pour situer une idée, de se contenter de faire référence au numéro du texte où elle se trouve : ex. le sport corrompt la jeunesse (texte 2). Tous les rapports précédents ont répété cette exigence et cette année, elle était explicitement précisée sur le document remis au candidat lors de son inscription, lequel était en plus consultable sur Internet. Or un candidat sur huit a encore commis cette erreur grossière qui le place en situation de « hors épreuve ». La moyenne générale pourrait croître considérablement si les candidats se donnaient la peine de lire les instructions qu'on leur communique.
Mais nous aimerions revenir aussi sur les exigences propres aux autres aspects de cette épreuve :
- la compréhension des textes est fondamentale et ne s'attache pas seulement à leur sens littéral. Bien comprendre un texte, c'est le mettre en perspective, garder en esprit sa situation historique et le statut de son auteur pour mieux apprécier la nature de ses jugements. Il est grave de confondre le ton assuré d'un sociologue du XXème siècle finissant avec l'enthousiasme d'un esprit partisan. Considérer que les auteurs des deux premiers textes étaient contre le sport-spectacle et les deux derniers pour, relevait du contresens caractérisé. D'ailleurs, les candidats doivent se garder d'une tendance générale à la simplification des opinions émises. Le jury apprécie fort les copies qui respectent les quelques subtilités des textes proposés. Est-il, enfin, nécessaire de redire que le candidat doit s'abstenir de tout commentaire personnel, de tout ajout ?
- le plan peut être thématique ou logique, comme celui qui convenait à la synthèse du concours de l'année 2003 : les auteurs définissaient la nature nouvelle du sport, établissaient les causes de cette transformation et ses conséquences. Il manifeste d'emblée la juste compréhension des textes et a besoin d'être parfaitement lisible. Chaque partie doit donc se détacher au moyen d'un paragraphe net et s'ouvrir sur l'énoncé de l'idée qui détermine son existence. L'enchaînement des phrases et des paragraphes nécessite l'usage de connecteurs logiques, mais on ne saurait trop mettre en garde contre un choix purement mécanique ou aléatoire de ces mots de liaison.
- l'introduction a pour vertu principale la densité. Il convient donc de ne retenir que les éléments essentiels de présentation des textes : le nom des auteurs, l'enjeu du débat, et, quand la perspective chronologique est de première importance, comme cette année, les dates signalées. Il est plus utile d'indiquer la nature des ouvrages d'où sont extraits les textes (journaux, romans, essais philosophiques etc.) que d'énoncer leur titre. Il n'est pas conseillé d'annoncer le plan qui sera suivi puisque celui-ci se lit aisément à partir de la première phrase de chaque paragraphe.
- la conclusion permettant de dégager, en quelques mots, l'intérêt principal des rapprochements effectués, a trop souvent, cette année, été hâtivement conçue et rédigée. Pourtant il était aisé de souligner les prémonitions étonnantes de Georges Duhamel, en 1937, concernant les développements du sport-spectacle, et le passage d'un souci moral à un point de vue sociologique pour lequel l'individu se dilue dans le nombre.
- la rédaction a contenu son lot d'habituelles négligences. Savoir écrire le français, c'est respecter la grammaire et l'orthographe, mais aussi posséder les règles de la ponctuation et couper les mots à bon escient. Rappelons simplement que le pronom indéfini « on » ne peut être repris ni annoncé par une marque de la première personne du pluriel (on range ses affaires ; nous rangeons nos affaires) ; que le pluriel de verbes conjugués est noté par « ent », non par « s » ; que la troisième personne du singulier des verbes en « ir » et leur participe passé en « i » (il finit ; c'est fini). Les faux-sens – confusion entre « mystification » et « mythification » par exemple –, les barbarismes (« tragédique », « perversification », « attrayé »...) relèvent aussi d'une ignorance gênante de la langue française. Enfin, l'usage veut que l'on ne recoure aux chiffres que pour noter les siècles, et que l'on écrive « héros », « statut », « opinion », « langage »..., que l'on ne mette jamais de « s » à quatre.
La copie proposée n'est pas une copie parfaite, mais elle permettra aux futurs candidats qui auront la sagesse de lire ce rapport, de se faire une idée précise et concrète des exigences de l'épreuve de synthèse au concours d'entrée à l'Ecole Navale.
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