1031 candidats ont participé cette année à l'épreuve de. synthèse de français. Deux d'entre eux ont remis copie blanche. Mais les jurys ont pu constater que nombreux sont ceux qui ont assimilé les règles essentielles de l'exercice : nécessité de définir clairement en introduction le thème fédérateur du dossier proposé, de construire un plan qui permette un examen synthétique des textes, de souligner en conclusion l'intérêt particulier du sujet offert à la réflexion. La note de synthèse ne saurait donc être, comme certains autres candidats semblent malheureusement le croire, ni la simple juxtaposition de quatre résumés, ni un petit essai développant quelque point de vue personnel plus ou moins axé sur le sujet ni, bien sûr, un brouet pâteux négligeant complètement l'identité et la singularité de chaque auteur.
Cette épreuve exige aussi naturellement une certaine aptitude à lire des textes classiques et un minimum de culture générale : le mot « commerce » était employé par Fontenelle avec le sens - encore actuel d'ailleurs - de relations, fréquentations, échanges comme une lecture un peu attentive aurait dû le faire comprendre. On s'est étonné aussi que certains candidats aient paru ignorer que l'homme avait déjà mis le pied sur la Lune ou qu'ils aient placé sur le même plan Barbicane, le président du Gun Club dans le roman de Jules Verne, et Ronald Reagan dont le nom apparaissait dans le dernier des quatre textes.
Outre ces erreurs de méthode ou d'interprétation, les jurys ont relevé beaucoup trop de maladresses d'expression : méconnaissance des règles les plus élémentaires de l'orthographe (conjugaison des verbes irréguliers, accord des participes passés, par exemple) incorrections grammaticales (« bien que » avec un indicatif ou inversement « après que » avec un subjonctif coordination de verbes de régimes différents complétés par un seul et même complément...) impropriétés diverses telles que « initier » pour « commencer » ou « réaliser » pour « comprendre » recours au style télégraphique et emploi de formes jargonnantes omission ou distribution incongrue des accents utilisation inadéquate de la ponctuation (signes placés en début de ligne point virgule systématiquement employé à la place de la virgule...) absence de majuscules notamment pour les substantifs désignant les habitants d'un pays. Dans cet ordre de négligences, les jurys ont été surpris de relever un grand nombre de mauvaises transcriptions du nom des auteurs figurant pourtant sur le sujet comme Fontanielle, Alexandre Dupas, Alain Dumas ou Dubras. Des choses qui pourraient, semble-t-il, être facilement évitées.
Quelques difficultés concernent enfin le décompte des mots. Il est vrai qu'il n'y a que très peu de candidats qui oublient maintenant de faire figurer cette indication sur leur copie, et c'est là un progrès très appréciable. Mais il reste le cas des devoirs qui dépassent les 400 mots réglementaires. Au-delà de 420 mots, une copie ne pourra obtenir plus de 7/20 et, au-delà de 500, plus de 2/20. Précisons par ailleurs que sera sévèrement pénalisé tout candidat qui, au-delà de la limite des 400 mots, aurait minoré de plus de dix mots le total de son décompte. Il serait souhaitable par ailleurs que les candidats évitent d'utiliser dans le décompte des mots des triangles rouges, des points verts ou autres fantaisies assimilables à des signes distinctifs. Il suffit de mettre, comme le font beaucoup, un trait vertical tous les 50 mots, avec en marge le nombre correspondant, ou bien d'inscrire, comme d'autres, le nombre de mots à la fin de chaque paragraphe et d'en faire ensuite la somme.
Pour compléter ces quelques indications et permettre aux futurs candidats de mieux apprécier les exigences de cette épreuve, nous donnons ci-après la transcription des deux meilleures copies.
La première copie a obtenu la note de 19.
[Note des webmestres : Cette copie est celle de THIBAUT Olivier, étudiant du Lycée Naval, qui a obtenu la meilleure note jamais attribuée depuis la création de cette épreuve de synthèse en 1995. Bravo à lui et à ses professeurs !]
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Ce devoir, écrit dans une langue claire et fluide, est solidement construit en trois paragraphes bien équilibrés. L'introduction dégage le thème avec netteté et souligne judicieusement la distance qui sépare les différents textes, à la fois du point de vue temporel, du IIème au XXème siècle, et qualitatif, du mythe à la réalité. Le développement révèle une très bonne compréhension des textes dont le genre littéraire est à l'occasion précisé avec bonheur récit appuyé sur la mythologie de Lucien, roman d'anticipation de Jules Verne — et met en évidence les points principaux qui permettent de rapprocher et d'opposer les textes de façon pertinente : fascination générale éprouvée devant l'univers mais diversité des raisons de cet intérêt, bilans évidemment contrastés de ces différents voyages intersidéraux depuis la traversée à tire-d'aile de Ménippe — qui est pour Lucien l'occasion de réfléchir sur la nécessité de l'expérience — jusqu'aux vols les plus récents qui marquent les débuts d'une colonisation de l'espace. Une idée est toutefois un peu négligée : celle des relations de compétition (Jules Verne) ou, au contraire, de nécessaire coopération (Alain Dupas) qui peuvent s'établir entre les nations à propos de la conquête de l'espace.
La seconde copie a obtenu la note de 17 .
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Ce devoir présente lui aussi de réelles qualités : une introduction claire et dense, un plan nettement apparent, un bon équilibre dans la place accordée à l'analyse de chaque texte, une conscience précise, qui a justement souvent manqué dans les copies médiocres, de ce qui ne relève que de l'imagination dans la description de ces vols spatiaux ou tient, au contraire, du projet scientifique le plus sérieux. Mais l'ensemble aurait pu, bien sûr, être amélioré : deux fautes d'orthographe apparaissent dans le second paragraphe et le candidat n'a pas évité le contresens, déjà signalé, sur le mot « commerce » dans le texte de Fontenelle.