La nouvelle formule de l'épreuve de français n'a, semble-t-il, pas surpris les candidats ; elle n'est d'ailleurs pas foncièrement différente de la précédente : le résumé est maintenu sous une forme plus condensée, seules les questions de vocabulaire, de culture générale et littéraire ont été ajoutées, les consignes de la dissertation demeurent les mêmes. Il faut constater cependant qu'elle a été plus intéressante, dans l'optique d'un concours, parce que plus sélective ; en témoigne le large éventail de notes auxquelles elle a donné lieu.
Résumer en cent mots un texte court (le texte de Valéry en comptait sept cents) est un exercice difficile mais il a permis aux bons candidats de mettre en valeur leur esprit de synthèse puisqu'il les a contraints à n'exprimer que les idées essentielles dans un enchaînement qui ne souffrait aucun égarement. Le texte était clair et dense, de caractère littéraire ce qui constitue une exigence dans le choix qui en est fait ; la nature du texte ne sera pas toujours nécessairement de ce type dans les années à venir. Le résumé des épreuves futures sera généralement court et pourra éventuellement ne porter que sur une partie seulement du texte proposé.
Si les candidats font généralement preuve d'une assez bonne technique pour aborder cet exercice, on déplorera quelques défauts trop souvent constatés : certains candidats se contentent d'émailler leur résumé de quelques conjonctions de coordination et adverbes de liaisons, ils croient à tort rendre ainsi les mouvements de la pensée du texte ; la reformulation personnelle trahit souvent les idées et traduit une certaine indigence de vocabulaire, un défaut unanimement reconnu par les correcteurs et qui intervient également dans la lecture du texte et l'incompréhension qui en résulte.
Cette épreuve nouvelle s'est révélée particulièrement sélective.
L'objectif de ces questions est de valoriser la culture générale des candidats, la manière dont ils dominent la langue française, leur compréhension des textes et leurs capacités d'expliquer de manière concise ce qu'ils ont lu. Les résultats ont été édifiants.
Peu de copies ont obtenu les quatre points proposés, et à la grande surprise des correcteurs, trop de candidats n'ont répondu correctement à aucune de ces questions.
Nombreux sont ceux qui ignorent ce qu'est précisément un synonyme et qui répondent sous forme de longues définitions quelquefois assorties d'exemples ; On peut s'étonner qu'un futur ingénieur, donc un esprit précis et observateur, lise affection au lieu d'affectation. Que dire de l'absence criante et alarmante de culture générale d'un étudiant au niveau bac + 2 qui attribue La Condition Humaine, le Discours de la méthode, L'Etre et le Néant à Pascal, Madame Bovary, Les Mémoires d'Outre-Tombe, Du côté de chez Swann à Stendhal.
Le sujet de cette année n'offrait aucune difficulté d'interprétation et ne pouvait pas prêter à contre-sens. La plupart des candidats ont donc traité la question posée et se sont efforcés de trouver un plan logique, souvent en deux parties.
Certains candidats se sont cependant bornés à expliquer et à commenter la thèse de Valéry sans en étudier l'antithèse. D'autres ont apporté la contradiction à l'écrivain avant d'avoir expliqué le jugement qu'il exprime et notamment les termes de gloire, scandale, excuse, propagande...
Parler successivement des trois uvres au programme était bien évidemment insuffisant pour donner un ordre et un mouvement à la dissertation. De même, si l'on peut privilégier une uvre dans le développement, il n'est pas admissible d'occulter les deux autres et de montrer clairement ainsi les impasses faites dans le programme...
Les correcteurs expriment leur profond agacement de lire à maintes reprises la même copie, les mêmes exemples, les mêmes citations et une pensée identique de candidats qui n'ont pas lu les uvres mais se sont rués sur des appareils critiques appris par cur, et qui déversent plus ou moins bien la " sauce " à toute force, sans même interroger le sujet.
L'insuffisance la plus frappante et la plus inquiétante cette année est celle de l'expression. Un progrès avait été enregistré les concours précédents en réponse aux injonctions répétées des correcteurs. Que de maladresses, que d'incorrections ne faut-il pas déplorer à nouveau !
Sera-t-on amené à plus tenir compte de la correction de l'orthographe et de l'expression en général que de la richesse de la pensée, des exemples et de la cohérence d'un plan ? Ce serait tout de même détourner l'épreuve de dissertation de son objectif ! Il est pour le moins irritant et triste de lire Sartres, Chateau?Brilland, Marc Aurel, ou Valérie parmi d'autres perles orthographiques auxquelles s'ajoutent les colibé, penflé, l'art du compteur, l'unité de soie. Les règles les plus élémentaires comme l'accord du participe passé sont oubliées, la confusion entre la conjugaison du verbe être et des verbes avoir et savoir (ait / est, serait / saurait) est courante... Quant au langage familier, il envahit les copies. Il n'est pas inutile de recommander aux candidats de se relire avec un peu de distance critique. lis gagneraient aisément quelques points précieux grâce à un minimum d'attention. Contrôler ce que l'on dit ou écrit n'est jamais superflu, quelle que soit l'activité que l'on exerce.
Ceci dit, les correcteurs ont eu le plaisir de lire d'excellentes copies et d'attribuer, par voie de conséquence, des notes parfois élevées. Certains candidats démontrent une maîtrise technique des exercices imposés, ils font également preuve d'une parfaite connaissance des uvres et témoignent judicieusement de lectures critiques et d'uvres hors programme, le tout dans une langue correcte, variée, élégante. Comme quoi l'épreuve de français est à la portée de " taupins " tant soit peu curieux et consciencieux.
La moyenne de l'épreuve est de 8,01 ; l'écart type de 2,43.