CONCOURS 1997
Rapport série MP


Monsieur MARTINEZ Michel



RÉSUMÉ

La plupart des correcteurs trouvent le sujet conforme aux épreuves demandées à ce concours, et ne font quelques réserves que sur la difficulté à traiter le " je ", très présent dans le texte de Paul Valéry. Cependant, quelques uns s'interrogent à juste titre sur l'intérêt d'un exercice à mots comptés, exercice abandonné pour les épreuves de Français au baccalauréat, surtout à partir de pages très littéraires : la reformulation des idées, en effet, était souvent complexe, et il était difficile d'éviter la répétition de certains mots importants dans le texte d'origine. Mais ce sujet a permis, tout de même, de privilégier les candidats capables de bien comprendre et de bien traduire les mouvements essentiels dans ce passage structuré et riche.

Il conviendrait seulement, dès l'année prochaine, de s'orienter plus franchement vers une épreuve à la fois plus souple (abandon du comptage des mots), et vers la mise en évidence plus franche des aspects argumentatifs : identification de la thèse, des arguments ou des exemples, reformulation ou réfutation d'une partie ou d'un paragraphe, etc.



QUESTIONS

La pertinence des questions a été très discutée. Parfois jugées " faciles ", même si elles ont révélé des lacunes importantes chez les candidats, elles ont également été parfois sévèrement critiquées. Il faut avouer que des questions de vocabulaire ou de pure culture littéraire (ce qui a provoqué, bien entendu, de nombreuses erreurs, parfois inquiétantes), notées uniquement en système binaire (0 ou 1), restent trop proches d'un QCM et ne peuvent en aucun cas passer pour ce qu'elles devraient être : des questions de compréhension progressive du texte proposé, et une interrogation sur ce qui en fait la cohérence ou l'originalité.

Certains correcteurs jugent également qu'il était difficile de pénaliser les fautes d'orthographe et de syntaxe, souvent voyantes dans cette partie des devoirs, et que trop de points étaient cette année accordés à ces questions.



DISSERTATION

En revanche, le sujet de dissertation a fait la quasi unanimité parmi les correcteurs, et a été jugé large, intéressant, et bien orienté pour ce type de concours. Il n'a pas posé aux candidats de problème sérieux de compréhension, sauf en ce qui concerne le mot " propagande ", souvent pris dans un sens réducteur, et le mot " songe ", perçu uniquement, dans quelques cas, comme une activité nocturne. Ce sujet permettait, en tout cas, une mise en perspective intéressante des trois oeuvres inscrites au programme cette année.

Malheureusement, année après année, et malgré la variété des sujets et des textes d'appui, chaque rapport sur les épreuves de Français reprend la même litanie : la faiblesse la plus fréquente et la plus grave concerne, une fois de plus, l'incapacité réelle de nombreux candidats à répondre de manière claire, argumentée et personnelle au sujet proposé. Beaucoup trop de copies, une fois encore, se contentent en effet de reproduire les notes de cours avec plus ou moins de bonheur, dans des développements préfabriqués qui examinent successivement chacune des œuvres du programme. Rappelons, une fois encore, que ces travaux, même documentés et bien rédigés, ne peuvent en aucun cas passer pour des dissertations, et qu'ils reçoivent en conséquence des notes faibles ou très faibles.

Comme les années précédentes, l'inégalité des copies reste l'impression dominante, avec des travaux médiocres ou mauvais, mais aussi de belles réussites. Les Mémoires dHadiien semblent pourtant avoir posé des problèmes particuliers aux candidats, et pas seulement pour identifier le narrateur. Il semble également que les anachronismes en histoire littéraire aient été plus nombreux que d'ordinaire : pourtant une simple relecture aurait, par exemple, empêché Paul Valéry d'être pris pour d'autres (François Valéry ou Valérie), ou éviter d'affirmer que Saint-Exupéry ou l'abbé Pierre avait été le précurseur de Rousseau, à qui tout le monde en voulait, même Montaigne ! A ce niveau, en effet, on ne peut plus parler d'étourderie, mais d'une ignorance tout à fait préoccupante dans un concours de ce niveau.

La grille d'évaluation est jugée le plus souvent satisfaisante, mais quelques correcteurs regrettent, une fois encore, la part trop réduite laissée à l'expression, surtout pour pénaliser certaines copies dans lesquelles les erreurs de langue, par leur nombre et par leur gravité, paraissent directement disqualifiantes.

En somme, un sujet de transition, qui a donné satisfaction malgré les points (" résumé " et questions) qui devraient évoluer dès l'année prochaine. Il serait utile, peut-être, de s'en tenir au projet officiel envoyé à la fin de l'année dernière, et qui annonçait, pour la première partie du concours 1997, " des questions (éventuellement un résumé succinct et des questions) ". La dérive vers une épreuve trop lourde et trop formelle serait sans doute, en effet, vécue comme une régression, par les candidats comme par les correcteurs.

La moyenne de l'épreuve de français est de 8,76 avec un écart type de 2,76.