L'oral de Saint-Cyr
Rapport des examinateurs (2002)


Examinateurs : Messieurs MICLOT Laurent et BALCOU Jean

Répartition des notes :

Note01234567891011121314151617181920
Nb candidats00261823242227293425311824853200

Moyenne : 9,40
Médiane : 10,00
Ecart type : 9,72


Nature et déroulement de l'épreuve :

Dans la salle de préparation, un texte littéraire français du 20è ou du 21è siècle est soumis au candidat. L'auteur et la date du texte sont précisés. Deux dictionnaires (noms communs & noms propres) sont mis à disposition.
Le passage se déroule en cinq étapes (l'ordre des deux premières est au gré du candidat) :


Commentaires généraux et conseils aux candidats :

Remarque générale :

Fâcheuse est l'impression produite par un candidat avouant d'emblée qu'il ignore ce que l'on attend de lui, s'il doit lire ou non. Fâcheuse aussi est la confusion entre analyse et synthèse ou résumé, voire entre analyse et commentaire. Rappelons que ce dernier ne peut être éludé, ni constituer un refuge pour de consternantes banalités.

  1. La lecture :

    Si le texte est assez court, le lire en entier ; s'il est long, retenir un passage en justifiant son choix. Une bonne lecture fait tout de suite bonne impression... Veiller en poésie à respecter la métrique. Dialoguer convenablement un extrait de théâtre.

  2. La présentation :

    • Présenter rapidement l'auteur ; faire bon usage des indications fournies par le dictionnaire des noms propres, qui renseigne sur l'auteur mais pas forcément sur le texte. Trois conseils paraissent de bon sens : recopier la notice biographique est absurde ; oublier de consulter le dictionnaire pour éviter d'abyssaux contresens sur " Oradour " ou " Châteaubriant " est impardonnable ; réduire Aragon ou Queneau au surréalisme revient à ignorer ce qui dans leur œuvre - et peut-être dans le texte - précisément s'en distingue.

    • Situer le passage dans son contexte : par rapport à l'époque, l'auteur, éventuellement l'œuvre.

    • Caractériser le type de texte (par ex. argumentatif, narratif, descriptif...)

    • Dégager l'idée générale à partir de laquelle l'analyse va se dérouler.

  3. L'analyse :

    • Trop souvent elle n'est qu'un survol, négligeant des passages entiers et occultant ainsi l'essentiel. L'analyse doit être précise et complète.

    • Attention également à la paraphrase, cette criminelle régurgitation de textes avalés de travers.

    • Aucune méthode n'est consacrée. Qu'elle soit structurale ou thématique, l'analyse doit être une intéressante stratégie dans la façon d'aborder et de comprendre le texte. Montrer comment celui-ci se construit, s'organise, s'affirme dans sa spécificité, est un exercice des plus stimulants.

    • Il s'agit notamment de discerner les enjeux du texte (ce que l'auteur voulait démontrer ou pointer) et de montrer l'efficacité des moyens mis en oeuvre pour y parvenir (registre, rythme, figures de style, procédés d'écriture...)

    • L'analyse est un exercice neutre, que ne doit contaminer aucun commentaire personnel quel qu'il soit.

  4. Le commentaire :

    • Il sera toujours rattaché au texte. Un thème ou une citation peuvent en constituer le sujet. Aucune nécessité - " héroico-amicale " - n'oblige le candidat à réduire ses références aux œuvres qui figurent au programme. La plupart du temps, il paraît déplacé ou maladroit de convoquer sans raison Homère ou Aristote, Shakespeare ou Beckett, Stendhal ou Gide, voire de les confondre, mais inversement, il peut être intéressant, si tel texte fait apparaître l'idée d'abnégation, de penser à un rapprochement avec le personnage de Pauline Molinier. De même que l'analyse doit proscrire la paraphrase, le commentaire exclut l'approximation, la convention et l'amalgame.

    • Le choix de thèmes trop généraux ou rebattus est déconseillé, tant est grand le risque de médiocrité. Pourquoi ne pas, par exemple, relier le thème retenu à une autre idée ? Ainsi, plutôt que de vilipender ou d'encenser sans vraie raison le nationalisme, s'interroger sur l'engagement de Jeanne d'Arc, ses motivations, ses limites, ses risques... peut constituer un intéressant sujet éclairé par l'actualité. Il l'est encore davantage s'il s'appuie sur des exemples empruntés à la littérature, à l'art, à l'Histoire.

  5. L'entretien :

    • Il commence fréquemment par un retour sur les propos du candidat, et en particulier sur certaines erreurs ou imprécisions. Comme l'épreuve ne comporte aucun piège, le candidat est invité à prendre un recul critique et à améliorer son analyse.

    • Il s'ouvre ensuite volontiers sur telle question abordée dans le commentaire, aborde telle perspective culturelle (rapprochements avec d'autres œuvres) et cherche toujours à approfondir la réflexion.

Autres points particuliers :

Voici, à titre indicatif, la liste des auteurs proposés à la session 2002 :

Alain / Anouilh / Apollinaire / Aragon / Barrès / Barthes / de Beauvoir / Benoît / Brassens / Cadou / Camus / Cazeneuve / Césaire / Chesnais / Claudel / Debray / Delhumeau / Desnos / Durand / Eluard / Gary / de Gaulle / Gide / Giraudoux / Green / Guimard / Ionesco / Jacquard / Koltès / Kundera / Le Guillou / Le Prince-Ringuet / Lévi-Strauss / Lévy / Malraux / Martin du Gard / Merle / Métra / Michaux / Montherlant / Pagnol / Péguy / Perec / Pingaud / Ponge / Prévert / Queneau / C. Roy / J. Roy / Saint-Exupéry / Sartre / Segalen / Senghor / Sirnon / Soupault / Tardieu / Touraine / Tournier / Tzara / Valéry / Vercors / Verdet / Yourcenar.

Conclusion :

Il convient de rappeler aux candidats que la littérature peut aider - et dans quelle mesure ! - à réfléchir au sens du mot " combat ", et qu'un officier sort vraiment du rang lorsqu'il a le sens de cette littérature française et que d'aventure il sait aussi se servir de sa plume. Saint-Exupéry reste un modèle sur notre terre des hommes...