Le français est une discipline nécessaire, captivante, mais beaucoup de candidats à Saint-Cyr
négligent de s'y exercer. Leurs prestations sont donc souvent insuffisantes. Ce rapport a
pour but de les améliorer en donnant une description simple de l'épreuve.
La préparation dans la salle d'examen.
Cette préparation dure 30', le candidat a à sa disposition un dictionnaire des noms communs et un dictionnaire des noms propres. On ne saurait trop conseiller la consultation intelligente de ce dernier. Ainsi, le poème "les fusillés de Châteaubriant", épisode de la Résistance, en eût été éclairé. Devant l'ignorance trop flagrante des grands noms comme ceux de Sartre ou de Malraux, il est également bon de se préparer, en cours d'année, quelques fiches sommaires. On peut donner les mêmes conseils pour les grands mythes de l'Antiquité Oedipe, Antigone, la Guerre de Troie, etc...).
Les textes proposés se rapportent au XXème siècle. Il peut s'agir de textes dits d'idées, mais aussi d'une page de roman, d'un poème, d'une pièce de théâtre. On se reportera à la liste des principaux textes proposés reproduite ici.
Il est clair que "l'analyse" du texte d'idées (du style argumentatif) et d'un texte plus "littéraire" (mais que dire d'un discours de Malraux ?) ne se traite pas forcément de la même manière.
Première étape de l'épreuve (4' environ).
Elle comprend la présentation de la situation du texte, de l'auteur; du moment, de l'uvre, du genre. Elle ne doit, en aucun cas, être "expédiée", puisque l'enjeu de l'épreuve y est déjà annoncé, avec la problématique à résoudre.
Exemple: le poème "Ce cur qui haïssait la guerre" de R. Desnos, 1975.
Le dictionnaire permet de préciser le rôle de Desnos avant et pendant la guerre, jusqu'à sa mort dans un camp.
Ce qui signifie d'abord que 1975 indique une publication posthume (redécouverte de ce poète) ? Mais surtout le titre s'inscrit dans un recueil intitulé Destinée arbitraire : titre suffisamment excitant pour être commenté, et qui annonce le dilemme du pacifiste sommé d'entrer en résistance contre Hitler et ses partisans.
Cette première étape consiste, dans un deuxième temps, à lire. La lecture est un élément d'appréciation non négligeable.
Quand il s'agit d'un texte relativement court (un poème), le texte est à lire en entier.
Quand il s'agit d'un texte long, il n'en faut lire qu'une page: au candidat d'expliquer son choix.
Deuxième étape de l'épreuve (8' environ).
Il s'agit de l'analyse. C'est-à-dire d'une description du texte aussi objective que possible. Non d'une explication linéaire, ni d'un résumé. Ni non plus d'un impossible compte-rendu exhaustif de tous les aspects du texte.
On attend que le candide reformule, avec ses mots, l'essentiel de ce qui est dit, qu'il caractérise sa méthode, le genre et le style du texte, qu'il explicite les passages les plus délicats. Il faut éviter toute forme d'éparpillement des champs lexicaux qui fait éclater une structure à moins que le texte s'y prêt, comme tels "fragments" de Barthes, de Perros ou d'Apollinaire... Que la thématique soit toujours développée méthodiquement, tant l'essentiel consiste à voir d'où l'on part et où l'on aboutit. La progression des idées doit se reconstruire dans cette analyse. Au candidat de prouver qu'il a bien situé et compris le texte proposé. Tout cela en moins d'une dizaine de minutes.
Troisième étape de l'épreuve (8' environ).
Cette troisième étape suit immédiatement la précédente et elle doit lui être reliée par une transition souple: que l'on s'aperçoive qu'on passe à un autre plan. Rappelons, à cette occasion, que l'analyse ne prenait en compte que le texte même et que le moindre commentaire est de trop. Réservons-le pour cette troisième étape où le candidat doit présenter, à partir du texte, un développement personnel argumenté.
Il devra donc se soucier, d'abord, de trouver dans le texte un ou plusieurs éléments (mais à homogénéiser) susceptibles de susciter débat. Le jury n'aime pas qu'on lui serve, sans lien explicite avec le texte, des argumentaires tout faits sur des thèmes extrêmement généraux: cette année, Platon était naturellement en première ligne, à propos de tout et de rien ! Qu'on se garde aussi de se précipiter sur l'actualité la plus brûlante quand cela n'a rien à voir avec le propos. Il est enfin incongru et peu efficace de s'attarder sur les détails trop personnels.
Le jury souhaite, en revanche, que l'on choisisse un aspect très précis du texte et qu'on puisse l'analyser aussi loin que possible. Le candidat, une fois son sujet choisi, devra se soucier de construire très vite un plan argumenté: quelques idées, quelques exemples, un raisonnement. Ce qui doit aller de pair avec l'ouverture d'esprit et la conscience des enjeux. Ainsi tel candidat ayant affaire au poème d'Aragon "Je vous salue ma France" a su problématiser les relations entre communisme et patriotisme.
La qualité de l'expression orale, qui fut généralement de bonne tenue, est, dans cette partie de l'épreuve, comme dans les autres, déterminante.
Quatrième étape de l'épreuve (10' environ).
Pendant les 10 dernières minutes de l'épreuve se déroule un entretien. Il s'agit, par quelques questions, d'amener le candidat à préciser ce qu'il a voulu dire, à corriger quelques erreurs, ou à proposer d'autres perspectives plus riches. Toutes sortes de questions peuvent être posées. Elles ne cherchent pas à piéger le candidat, mais à lui donner l'occasion de manifester sa culture (en particulier littéraire et historique), son sens de la répartie, son aptitude au dialogue courtois, sa capacité à défendre une idée ou à la relancer. L'esprit de disponibilité intellectuelle du candidat, son dynamisme, sa bonne humeur sont appréciés.
Conclusion.
L'épreuve de français exige des connaissances, une préparation, de la volonté. Elle mobilise de nombreuses aptitudes, dont celles d'adaptation, voire d'improvisation, et souvent un certain courage intellectuel. Les candidats, qui la réussissent, mettent en uvre avec éclat les qualités attendues de l'officier.
Anouilh |
Antigone |
Antelme |
L'espèce humaine |
Apollinaire |
Alcools |
Aragon |
Le Crève-cur |
Barthes |
Mythologies |
Baudrillard |
De la séduction |
Beauvoir |
Le deuxième sexe |
Bernanos |
Journal d'un curé de campagne |
Cadou |
Pleine poitrine |
Camus |
L'étranger |
Cazeneuve |
La vie dans la société moderne |
Céline |
Voyage au bout de la nuit |
Char |
Fureur et mystère |
Chesnais |
Histoire de la violence |
Cioran |
Précis de décomposition |
Debray |
La puissance et les rêves |
De Gaulle |
Mémoires de guerre |
Delumeau |
Des religions et des hommes |
Desnos |
Destinée arbitraire |
Eluard |
Au rendez-vous allemand |
Gide |
Thésée |
Giraudoux |
La guerre de Troie n'aura pas lieu |
Le Guillou |
Passage de l'Aulne |
Lévi-Strauss |
Triste tropiques |
Loti |
La mort de Philae |
Malraux |
Antimémoires |
Michaux |
Plume |
Pérec |
Penser / Classer les choses |
Perros |
Papiers classés |
Proust |
A la recherche du temps perdu |
Saint-Exupéry |
Citadelle |
Sartre |
Les mots |
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Chants d'ombre |
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Femmes |
Tournier |
Le vol du vampire |
Valéry |
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