L'oral de l'École de l'Air
Rapport des examinateurs (1999)


Les épreuves d'admission à l'École de l'air comportent une épreuve orale de français, de coefficient 8. Il importe que les candidats en connaissent les exigences et l'esprit, en sachant aussi quels défauts principaux il convient d'éviter.

1. Nature de l'épreuve

Sa durée est de 20 minutes, le temps de préparation de 30 minutes. Elle porte sur un texte de trente à quarante lignes, contemporain ou moderne (XXe siècle), traitant de sujets divers, qui présentent une problématique digne d'intérêt, et offrent la matière d'une réflexion à la portée des élèves de ce niveau. Les textes sont presque toujours en prose, choisis pour la qualité de leur écriture autant que pour la solidité de la pensée, pour l'originalité et la profondeur de leur réflexion. C'est dire que notre choix se porte sur des valeurs éprouvées, des écrivains reconnus plus que sur des journalistes ou des tâcherons des lettres, trop liés à des problèmes immédiats ou dénués de talent véritable. Nous avons proposé des pages de Raymond Aron, Gaston Berger, Roger Caillois, Umberto Eco, et aussi bien P.-Henri Simon que Jean Rostand, Denis de Rougemont qu'André-François Poncet ; d'Anatole France ou Barrès à Valéry, de Georges Duhamel à Michel Butor, de M. Proust à Camus ou Sartre, de Céline à S. de Beauvoir ou Simone Weil, nous avons tenté de ne négliger aucun nom important de la pensée française récente.

Le candidat doit d'abord rendre fidèlement compte du passage proposé, le résumer ou l'analyser sans le paraphraser servilement ni le survoler de trop haut. il doit ensuite en donner une interprétation ou un commentaire personnels, sans s'évader des problèmes soulevés par le texte en question. L'épreuve se termine sous forme d'entretien avec les examinateurs, durant une dizaine de minutes , les questions posées permettront de juger mieux le candidat, de rectifier au besoin des erreurs d'interprétation, d'éprouver la qualité de sa culture générale.

2. Les exigences de l'exercice

L'analyse sera brièvement introduite (genre, esprit du passage, contexte historique etc.), puis conduite avec clarté, précision et concision dans l'exposé. On demande ici de la sûreté dans le diagnostic et de la pénétration, pour saisir les mouvements de la pensée d'un auteur, éventuellement les réminiscences ou allusions qui affleurent dans le texte ou même les enjeux cachés, les présupposés implicites qui en éclairent le sens. Si l'analyse doit saisir les idées essentielles et les articulations du passage proposé, le commentaire en revanche se gardera d'être une simple illustration, une répétition par « délayage » du contenu qu'on aura expliqué ; il devra au contraire rendre compte de son esprit, de sa tonalité particulière voire de ses qualités littéraires (... ou de leur absence !), en tout cas dégager et apprécier la contribution de l'auteur à tel ou tel débat intellectuel, moral ou politique. On se gardera tout autant de quitter complètement le domaine abordé par le texte pour « placer » un débat de son choix, une question de cours dont on est sûr ou des généralités oiseuses, conformes aux clichés à la mode, à la pensée commune. On pourra par exemple regrouper par centres d'intérêt les thèmes, à la manière d'un bon commentaire composé.

Dans l'entretien, le candidat fera avant tout preuve de rigueur, d'honnêteté intellectuelle, d'ouverture et de souplesse d'esprit, de sincérité aussi, qualités fort prisées par le jury. Il montrera qu'il sait entrer dans un débat, reconnaître le cas échéant qu'il s'est trompé et donc rectifier certaines de ses idées préconçues. On s'assurera qu'il n'ignore pas tel terme élémentaire, telle notion indispensable, tel nom connu (certains ne connaissent pas Dante, Gœthe, ou les noms de Montaigne, Pascal, Descartes, Paul Valéry ou Simone Weil). L'oral n'est certes pas une épreuve testant des connaissances spécialisées, mais il est permis d'exiger de futurs cadres un minimum de culture générale.

On retiendra donc qu'un bon oral de français au concours ne correspond pas à un modèle figé, défini à l'avance, mais qu'il doit faire ressortir les qualités personnelles du candidat, sa capacité d'adaptation à tout type de texte, en un mot, sa personnalité véritable.

3. Défauts à éviter

4. Comment se préparer à l'épreuve

Il parait tout d'abord indispensable que les candidats passent durant l'année le plus de « colles » possibles en français. Trop d'entre eux manquent visiblement d'entraînement et pourraient donc notablement améliorer leur niveau par ce moyen. Combler les lacunes de leur culture générale (en littérature, il existe de bons manuels, des corrections de grands textes des XIXe et XXe siècles, qu'ils consulteront avec profit), sans oublier l'histoire de l'art ou le cinéma (un candidat ne connaissait aucun grand film français ou étranger hors la production des deux ou trois dernières années l'exigence paraît indispensable, ainsi que l'effort pour s'entraîner à réfléchir vite et bien sur des textes variés, en apprenant à classer rapidement ses idées.

Nous avons interrogé cette année 298 candidats, les notes s'étageant de 1 à 19, avec une moyenne générale tournant autour de 10 et 11 selon les jours. Nous espérons que les futurs candidats prendront connaissance de ce rapport et sauront en s'y conformant améliorer leurs chances de réussite dans cette discipline.