Analyse 1997 :
Rapport du jury

1 124 copies on été corrigées.

L'échelonnement des notes va de 2 à 17 sur 20.

La moyenne générale est de 9,48 sur 20.

Les notes comprises entre 08 et 12 sur 20 ont été le plus souvent attribuées.

1. ANALYSE DES CHIFFRES

Les chiffres précédents appellent plusieurs remarques :

2. RAPPELS DE METHODE

La très grande majorité des candidats présente des travaux lisibles du point de vue de la calligraphie et de la présentation, et compréhensibles du point de vue de l'expression. Les correcteurs ont donc eu la satisfaction de ne pas avoir à sanctionner des travaux indignes par des notes éliminatoires, à l'exception de onze copies.

Mais au vu du grand nombre de notes moyennes ou médiocres, on peut regretter que les candidats, pendant leur préparation au concours, tiennent relativement peu compte des conseils qui leur sont donnés dans les rapports et bilans des années antérieures. De nombreux défauts persistent d'année en année, ce qui se traduit évidemment dans la notation.

Ainsi,

on montre que l'on ne maîtrise pas encore la spécificité de l'exercice d'analyse et que l'on n'a pas fait l'effort suffisant pour atteindre un niveau convenable. Cette négligence est d'autant plus coupable que tous ces points ont été exposés de façon détaillée dans les rapports de 1994, 1995 et 1996. Les correcteurs rappellent que depuis plusieurs années ils proposent, dans le cadre du rapport, une analyse type qui, si elle ne saurait constituer la seule façon de procéder, peut toutefois permettre aux candidats de disposer d'exemples d'exercices achevés.

3. COMPRÉHENSION DU TEXTE

Le texte proposé permettait un large tour d'horizon des problèmes abordés cette année par les candidats au cours de l'étude des oeuvres au programme : mise en place et dépassement de la question de « l'objectivité », présentation de l'autobiographie comme une oeuvre d'art soumise à la nécessité d'inventer les règles d'une poétique spécifique. En outre, la multiplicité des exemples évoqués constituait un défi supplémentaire : il s'agissait pour les correcteurs de vérifier la maîtrise des connaissances accumulées pendant l'année, et d'obliger les candidats à adopter des partis pris clairement affichés lors de la rédaction : éliminer certains exemples, en résumer d'autres, etc... C'est dire que ce texte se voulait tout à la fois sélectif et stimulant.

À titre d'exemple, le jury propose le travail suivant :

Dans un article intitulé « Conditions et limites de l'autobiographie », Georges Gusdorf dessine les contours d'un genre qui, par-delà l'authenticité affichée d'une démarche, révèle une propension à reconstruire et réinterpréter le passé.

L'analyse du philosophe se déploie dans deux directions : d'une part il met à jour la dimension illusoire de la vérité rétrospective produite par l'autobiographie, d'autre part il affirme l'authenticité véritable du genre.

Ainsi l'écrivain qui entreprend l'histoire de sa vie croit faire oeuvre d'historien ; son projet serait impartial et sa mémoire fidèle. Mais une telle démarche nie le caractère aléatoire et inconscient de la vie. Comme l'historien positiviste, l'autobiographe croit le passé lisible, finalisé, intelligible ; mais la réalité résiste, son foisonnement interdit l'illusion d'un futur en voie d'accomplissement.

Pour Gusdorf, l'ordre décelé par l'analyse n'est qu'un effet rétrospectif trompeur : la conscience reconstruit après coup la logique d'un parcours orienté vers sa fin. Pour renforcer sa démonstration, le philosophe multiplie les références culturelles, citant des écrivains comme Tolstoï, Valéry et Mauriac, des peintres comme Vélasquez ou Goya, ou des philosophes comme Renan ou Bergson. Ces références invitent à une nouvelle approche du fait autobiographique : le refus du vérisme de détail, le regard neuf sur les événements passés. L'anecdote lamartinienne de la vigne vierge, dont la plantation est postérieure aux écrits du poète, illustre les limites de la vérité des faits au profit de la vérité du coeur et de la poésie.

Reste à écrire, comme Valéry le suggère, une autobiographie prospective, ouverte aux possibles de chacun. L'exemple des tableaux flamands, renvoyant en abyme le double inversé de la scène peinte, illustre les potentialités d'un art véritable, dégagé de la restitution scrupuleuse du passé au profit de son appréhension problématique. Gusdorf semble donc appeler de ses voeux le renouvellement du genre.

(318 mots)

4. L'EXPRESSION

Dans le domaine de l'expression, les problèmes ont été nombreux, parfois surprenants. Citons pour mémoire :

Rappelons de manière plus constructive, et pour conclure, les quelques principes suivants :

Nous espérons que les futurs candidats trouveront dans ce rapport des conseils de préparation et de rédaction nécessaires pour l'épreuve d'analyse et utiles pour leur future réussite.